Je viens de raccrocher avec Lisa. Une furieuse envie d’écrire évidemment. L’annonce. L’excitation. Je prends mon ordi.
Et en même temps un peu de flemme. L’abysse des onglets ouverts me saute à la gorge. à la tête plus exactement.
Je pourrais vous les détailler. Un par un. En toute transparence. Est-ce que je vais tous les assumer ? Je pourrais faire l’exercice.
Ecrire à Laura d’abord. Car elle est le point de départ de tout ça. Bien qu’on puisse remonter plus loin. Le directeur d’une agence de communication parisienne qui nous a recruté. D’abord moi. Puis elle. Mais l’on ne doit qu’à nous la richesse de notre amitié. La profondeur des échanges. Je crois qu’elle a su instantanément qu’elle pouvait me faire ce cadeau immense, non seulement me révéler l’existence de ce lieu magique, mais surtout de rejoindre l’association, et cette année, de prendre en charge la communication, pour me laisser muer.
Frénésie des choses que j’ai envie de faire, là maintenant tout de suite...
prendre mon téléphone pour voir si Laura m’a répondu, si d’autres gens m’écrivent...
actualiser facebook et instagram comme dans l’attente d’un truc en plus, et au passage, me perdre dans les images de manif, de violence policière, me perdre dans des posts facebook dont aucun ne m’intéresse, lire des messages postés dans des groupes qui ne me concernent pas.
repartir dans tous les autres onglets ouverts
reprendre les idées qui me sont passées par la tête lors de mes deux précédentes lectures car elles rejoignent un peu le projet, noter des choses dans un carnet et suivre le fil (je fais ici référence à L’usage de la photo d'Annie Ernaux que j’ai lu dans le tram, moment de pause frénétique imposée, et Changer méthode d'Edouard Louis)
cette idée d’écrire une phrase sur chacun de mes onglets ouverts me plait beaucoup aussi
Laura m’a répondu. Mais il y a aussi Jeanne qui me parle de la prépa de notre weekend ski de rando demain. Je suis excitée à l’idée de ce weekend, mais j’aimerai pouvoir rester seule avec mon projet. Ne pas avoir un diner et un sac à préparer.
J’ai des mails de taff à traiter. Procrastination établie jusqu’ici rattrapée par une vraie raison de les fuir
Envie de relire mon dossier. Ils ont appréciés son sérieux m'a dit Lisa. Je suis fière de moi
il faut que je reprenne le tri de mes photos, l’avoir fini pour cette date
Je relis ma candidature. Les fautes d’orthographe me sautent soudain aux yeux. ça m’énerve. J’adore ce geste d’écriture automatique qui peut m’habiter quand je pense trop. Sauf que je pense plus vite que je n’écris. Les idées s’empilent les unes dernières les autres (j’aime à laisser cette faute, ce lapsus écrit que je viens de formuler) et cette idée s’intercale dans cette file dont je n’ai pas tout à fait fini de vous parler. Donc je reprends, les idées s’empilent et forment une file d’attente, elles pensent toutes avoir leur place ici, et je le crois aussi mais je n’ai que dix doigts sur le clavier alors qu’elles sont déjà 100 dans ma tête. Et que je dois les transcrire en mots qui viennent parfois plus vite que ce mes doigts peuvent les taper et parfois moins car je bute, c’est un peu irrégulier et toujours frustrant : trop vite, j’ai l’impression qu’ils vont m’échapper et d’ailleurs voilà que je ralentis le rythme, je suis arrivée au bout de ce que j’avais encore en tête et les suivants ne sont pas restés. Mémoire de poisson rouge. Un brouillard plonge peu à peu la file d’attente qui s’allonge dans le noir, je devine à peine les idées qui s’étaient inscrites en première. Mais si je relis tout d’autres vont venir. alors je vais faire une pause. Et puis je réalise que ce n’était même pas celle que je suis en train de creuser mon idée de départ. où est-elle ? dans la file ? non je ne la vois pas ? mais comment la reconnaître alors que je ne sais même plus qui elle est ? va-t-elle réapparaître lors de ma relecture. Et si le but était de ne jamais relire ? Non, je me connais, je vais vouloir retravailler la matière pour la rendre plus percutante encore.
Alors oui, voilà, je disais que j’avais relu ma candidature. Tous les textes que j’ai mis dans mon pseudo portfolio disent un peu la frénésie.
Donc dans ce porfolio : premier texte, frénésie de la fête et de la danse. Frénésie dont je me sens toujours un peu étrangère tout en rêvant d’en faire partie et de m’abandonner. Je me souviens de ce jour précis. Cette frénésie des autres se heurtant à mon calme, ou à ma fatigue… je ne trouve pas le terme exact mais je veux avancer, encore une fois ce problème de rythme je ne suis d’ailleurs pas allée au bout de l’idée précédente, je vais y revenir peut être mais bordel n’es tu pas capable de suivre une unique pensée, oui mais je voulais dire les deux extremes, mes doigts n’arrivent plus à taper aussi vite que mon cergçuhgrgliuyguilyds veau me dicte les mots et je m’impatiente alors devant toutes les fautes de frappe qui s’accumiulent que je veux corriger. et si je vaisais l’exercice de ne pas les corriger , est§ce qu’on u comprendrait encore quelque chose ? je lutte pour appuyer le moins poissible sur cette barre non cette touche reculer, effacer ou comment la nommer … vous ne comprendre plus rien ou si ? il n’y a pas d’autocorrect sur ce logiciel en plus. J’ai appuyé quelque fois par automatisme sur cette putain de touche et je m’en veux presque. Et puis soudain ça devient plus facile car ça ralenti dans ma têye alors voilà. Quand jhe vais relire ce texte je vais vouloit corriger les fautezs d’orthographe mais pas les fautes de frappe… vais-je réussir à faire la différence
j’ai relu pour prendre une pause, je me rends compte qu’au fur et à mesure que je me suis permise de moins me corriger j’ai aussi abandonné la ponctuation. comme si emlmle faisait partie de la triche sur le rythlme de suivre le rythem de me s doigts sans jamais revenir en arrière…