Je consigne tout
Je compile tout
Je voudrais tout documenter
J'ai l'impression que j'ai mauvaise mémoire
Je note cette phrase magnifique qu'une amie chère à mon cœur m'a dit un jour au téléphone
Je note des passages de roman ou d’essai dans mes carnets. Souligner les livres ne me suffit pas. Je veux pouvoir tout relire au même endroit.
Je garde certains tickets de caisse. Pas seulement ceux de « c’est au cas où si je dois le rendre ».
Et je ne peux pas jeter un ticket de CB sans me souvenir au préalable de l’achat auquel il se rapporte. Et de ce que j’avais fait d’autre ce jour-là.
Place de concert. Ticket de métro. Billets de train. Monnaie de pays étrangers.
Souvenirs d'une vie frénétique
J'ai 3560 vidéos à regarder plus tard sur YouTube
350 Go de photos et vidéo sur mon ordinateur et disque-dur.
J’ai appelé mon disque-dur externe trou noir, car j’ai l’impression qu’il avale tout et que je n’y retrouve rien.
J'ai des milliards de notes qui s'accumulent un peu partout.
Analogiques. Sur des feuilles volantes, des post-it, des carnets. Certains de ces carnets sont finis, remplis à ras bord. Mais la plupart ont été commencé avec un projet bien précis. Et jamais finis. Impossible de les jeter. J'ai gardé mes agendas, des premiers du collège, au dernier agenda papier possédé, en 2021.
D'autres numériques. Des milliards d'onglets ouverts, que je finis par enregistrer en favoris pour pouvoir les refermer. Et ne jamais les rouvrir. Des publications enregistrées sur instagram, des screenshots, des vidéos à regarder plus tard sur YouTube, des notes dans mon téléphone et mon ordinateur.
Ce texte a commencé sa vie à la croisée de ces chemins. Premières idées jetées dans un carnet. Puis quelques phrases sur une note dans mon téléphone. Synchronisée dans mon ordinateur où elle continue sa vie. Je peux reprendre l’énumération à tout moment. J’aurais toujours quelque chose à y ajouter.
Je veux sublimer toute cette matière, comme pour me donner raison de ne rien jeter. Je veux célébrer mon incapacité à faire le tri, le vide. Et continuer à ne jamais choisir.
J’ai des milliards de pensées qui peuvent démarrer à tout moment…