Nouvelle fenêtre, Frénésie(s) 2023
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Ne faudrait-il pas commencer par faire un brin de ménage ?

Fermer tous les onglets. Supprimer toutes les entrées de ce bureau encombré. N’y laisser qu’un seul fichier « LABS 2023 ». Comme un nouveau départ. Accepter qu’on ne reviendra pas sur toutes ces choses « à lire, finir, regarder » plus tard. Laisser le plus tard pour jamais. Et redémarrer.

Je relis ces mots. C’est en vérité contradictoire avec ce que je veux faire, là, maintenant, tout de suite. Remonter à la genèse du projet, genèse qui se situe justement dans l’accumulation des informations et des idées que je refuse de mettre en oubli sans pour autant les traiter… et qui s’accumulent. Pour m’y confronter, ne dois-je pas d’abord les trier ?

Voir si j’en suis capable et comment je réagis à chaque élément…

Commençons par les onglets de mon navigateur, que je mets en « dormance » pour ne jamais les fermer :

  1. Mes mails. Celui-là reste tout le temps ouvert, je ne vais pas le fermer. Il est même « épinglé ». Nos outils numériques regorgent de fonctionnalités qui ne nous aident pas à nous débarrasser de cette surcharge… Combien de vidéos « à regarder plus tard » sur Youtube ? Combien de posts « enregistrés » sur Instagram ? Rien que de jeter un œil à ma boîte mail j’ai le tournis. Il n’y a que 49 mails non-lus et c’est déjà trop. Je ne peux résister à la tentation d’aller jeter le superflu des derniers jours. Ce n’est pourtant pas le sujet, mais tant pi. J’ai décidé, qu’ici, en cette frénésie, je ne lutterai contre aucune de mes envies et intuition. Je parcours donc toutes ces notifications que je ne peux me résoudre à désactiver mais que je ne consulte jamais, et autres newsletters que je ne lis pas, sans m’en désabonner car « on sait jamais ». Un rapide survol des objets et destinataires, en voilà 11 de cochés et aussitôt supprimés. Il reste une demande de connexion Linkedin d’une parfaite inconnue, un mail de Pôle Emploi, un autre mail Linkedin qui finira à la poubelle aussitôt ouvert… Je l’ai décidé avant de le faire. Je l’ai fait, et le temps de cliquer sur le petit icon poubelle les premiers mots ont frappé mon cerveau « Léa, ne manquez pas les newsletters des pages que vous suivez » et en dessous le design attrayant d’une des pages en question . J’ai presque instantanément regretté, et lutté contre l’envie d’aller repêcher le mail dans la corbeille. Il y avait sûrement là des newsletters intéressantes qui auraient pu s’ajouter à la montagne de newsletters intéressantes auxquelles je suis abonnée mais que je ne lis pas. Toujours pas. Bon, je vous passe le détail des autres mails que j’ai supprimés, ça m’a déjà fatigué de vous raconter ça… Onglet suivant.
  2. Mon calendrier google. Epinglé lui aussi. Ouvert à la semaine du 26 juin qui démarre aujourd’hui. Petit trait rouge au début de la case 12H/13H de ce lundi. Il est 12h18. Tiens je n’ai pas eu de fringale matinale ce matin. En même temps… bon stop, je ne vais pas commencer à vous raconter par le menu (huhu) mon alimentation des dernières 24h. Les plages du calendrier sont complétement vides pour la semaine. Seule un filet marron courant sur les 7 colonnes de la semaine annonce « Résidence ». On adore cet emploi du temps. Et on peut passer à la suite.
  3. Un petit tableur google sheet qui me sert de ressource pour la com’ du Labservatoire. Calendrier édito pas tenu à jour, liste des comptes à taguer, emoticons utiles et autres hashtag. Laissons-le ouvert.
  4. Encore une boîte mail, épinglée elle aussi (oui car ce serait trop simple d’en avoir qu’une seule). Ici c’est bien pire. On est sur plus de 400 mails non lus, je supprime une floppée de notifications blablacar et passe vite à l’onglet suivant de peur de tomber sur un mail qui me rappelle que j’ai oublié de faire telle ou telle chose.
  5. On entre dans la partie des onglets non épinglé et que je n’ai sûrement jamais visité depuis qu’ils sont ouverts. Ça commence par une série de podcast RFI sur les philosophes d’Afrique qui a l’air hyper intéressante, j’ouvre Spotify pour le retrouver et l’ajouter dans une playlist. Déporter le problème est toujours une bonne idée. Le ranger dans un endroit où il prend encore moins de place, où je le vois encore moins…
  6. Une publication Linkedin qui liste des événements en lien avec le numérique responsable, mais qui sont tous terminés depuis longtemps.
  7. Un article de blog très long sur…
  8. Je m’interromps car je vous imagine lire ces mots. Mais qui peut s’intéresser à mon petit ménage numérique ?
    Faire taire le petit censeur dans ma tête.Je relis ça et je me demande pourquoi j’ai genré le petit censeur au masculin. J’ai envie de le féminiser ou de le neutraliser – je pense au double sens de cette neutralisation qui serait la bienvenue ! – mais je ne trouve pas de féminin qui sonne bien à l’oreille… et j’ai la flemme de chercher. J’avais déjà pensé à ça en arrivant, avant de me relancer dans ce grand bain. Je savais qu’il arriverait très vite, qu’il n’est jamais très loin et qu’un jour ou l’autre il s’imposerait plus fort. Je retrouve la note dans mon téléphone.

    L’autoroute de l’auto-censure.
    Vous imaginez lire ses lignes.
    Quel intérêt allez-vous y trouver ?

  9. et puis un autre un peu moins long sur… et une vidéo YouTube d’une conférence que je voulais regarder, depuis combien de temps est-elle là ? Puis une dizaine d’onglets en lien avec le code informatique que j’ai besoin de mettre en place ici, pour ce projet.

Même en dépassant l’auto-censure, tout ça me paraît finalement vain… alors je continue de parcourir mes onglets en silence. Je les ferme tous sauf un. Je ne peux résister à la tentation de parcourir certains articles et d’en sauvegarder d’autres dans mes favoris. J’ai déjà des dossiers de favoris qui quadrillent à peu près toutes les thématiques qui m’intéressent et chaque information trouve sa juste place parmi d’autres que je ne lirai sûrement jamais mais qui font partis de ma mémoire numérique.

J’ai fait un peu de ménage sur mon bureau. Je retrouve un screenshot d’une critique d’un livre que j’ai fini par lire, sans avoir besoin qu’un screenshot sur mon écran d’ordinateur m’y rappelle. Comme quoi, cette accumulation est-elle toujours nécessaire ?